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Ancien joueur et entraîneur de l’USVA, Daniel Leclercq, qui a fait monter le club en Ligue 2 en 2005, se confie très longuement dans un ouvrage
qui vient de paraître. Nous avons relevé les passages de sa vie valenciennoise.
1. Enfance à Trith
« Notre rue menait directement à Usinor où mon père travaillait. J’étais timide, très peu bavard. Je n’ai pas souvenir d’avoir quitté le Poirier,
excepté une fois où j’ai découvert le camping à Malo par le biais d’Usinor. Nous jouions dans la rue, cinq minutes par ci, dix
minutes par là. On tapait dans le ballon dès qu’on en avait la possibilité. On se dit un jour qu’il y a une école de foot à Valenciennes et qu’on peut se déplacer à pied car
il y a quatre ou cinq kilomètres entre Valenciennes et mon quartier du Poirier. J’ai gagné le tournoi de Noël de l’école de foot animée par M. Desmenez avec pour récompense un
équipement de VA. En 1966, j’ai intégré l’équipe de CFA, on jouait contre les pros le jeudi. Mes parents voulaient que je devienne comptable. »
2. Joueur pro à valenciennes
« J’ai toujours été relayeur. Mon don de précision est arrivé plus tard. Je voyais vite le jeu, j’anticipais les actions avec le souci de
toujours pouvoir y participer. Mon premier match, c’est une défaite 0-2. J’étais trop perturbé par les événements. (…) Valenciennes m’a tout apporté. Ce fut une trop courte
carrière. Étais-je prêt mentalement pour jouer à ce niveau-là ? Je ne sais pas. (…)Finir à VA, c’est mieux pour mon histoire personnelle. J’ai dit aux jeunes que je n’étais
pas venu pour faire une saison de merde. Ça m’a catalogué. À la fin, à 35 ans, j’étais arrivé au bout. (…) Je ne voulais pas embrasser la carrière d’entraîneur. J’ai cherché
un commerce, je suis passé devant le café qui nous servait de vestiaire… »
3. Entraîneur à VA
« Je suis devenu adjoint de M. Desmenez en 1986. Ouverture du café le matin, entraînement et reprise du service. Et un jour, Jean-Louis Borloo me
demande si je suis capable d’entraîner une équipe de D2. L’idée était d’intéresser au maximum les joueurs pour qu’ils acceptent les multiples répétitions de jeu. »
« Borloo m’appelle en 2003, il me dit qu’il a besoin de moi pour faire remonter VA… Le stade c’était une catastrophe, il n’y avait plus de
terrain d’entraînement. Je voulais au moins un synthétique pour travailler, il a accepté. Dès les matches de préparation, j’ai su que VA ferait une grande saison. Il y a
quelque chose qui se crée. Je suis d’un naturel ambitieux, je leur parle de Ligue 2, mais comme dans le foot, on ne connaît pas ses limites, je leur parle aussi de L1. Ces
garçons, j’aurais pu les laisser deux jours par semaine et faire autre chose, ils auraient bossé correctement. »
« J’ai eu un différend avec le président Decourrière. Je trouvais qu’il s’écartait un peu trop de son rôle. Donner des doubles primes aux
joueurs, par exemple (…). Je sais très bien que la réussite dérange et quand on fait de l’ombre à quelqu’un, on dérange. »
4. Le retour raté
« À la trêve de la saison 2015-2016, dans un premier temps, on ne me propose pas de reprendre le club, on me demande des conseils, mon ressenti.
C’est au fur et à mesure des mauvais résultats que l’on cible pourquoi on veut me faire venir. Ce qui m’a motivé, c’est aussi tout ce que j’ai pu à un moment voir en
coulisses, certaines choses qui n’ont rien à voir avec le sens du foot.
J’avais bien analysé, ce n’était pas compliqué parce que j’avais déjà vu deux matches. Cibler, c’est facile, tu vois tout de suite la qualité des
joueurs, j’avais trouvé un potentiel intéressant et pas trouvé qu’il y avait un mauvais esprit. Je trouvais le système pas trop adapté au jeu et à la qualité des
joueurs.
J’ai dit au président qu’il était hors de question que je travaille avec David le Frapper. Eddy était d’accord.
J’ai dit à Eddy, Malapel vient gratuitement, Henneuse également, Chelle aussi, il faudra juste payer un loyer, et pour moi, ce n’est pas
important.
Je n’ai pas refusé le poste, mais des fois, je me dis que j’aurais dû dire oui dès la toute première proposition. Après coup, j’aurais pu régler
tous les problèmes de l’intérieur. »
5. Les anecdotes
L’idole : « Joseph Bonnel, c’est celui à qui je voulais ressembler. C’est incroyable d’avoir son idole qui vous entraîne. »
Le cœur rouge et blanc : « Je reste Valenciennois de par ce que j’ai vécu avec mes années VA en jeunes, en tant que supporter et avec les pros.
»
Le meilleur joueur : « Le joueur qui m’a le plus surpris : Steve Savidan, un joueur hors pair, une perle. »
Plus dur au bar : « Au café, le premier mois, j’avais des crampes tous les soirs. Je n’ai jamais connu ça quand je jouais. Les jours de match,
c’est la folie, on entend tout et on n’entend rien. Au départ, les gens venaient peut-être aussi pour me voir, me jauger, je ne leur ai pas donné la possibilité de pouvoir
m’engueuler sur quoi que ce soit. »
Le match incognito : « J’étais amateur à VA, j’avais intégré l’équipe de France amateurs. À la fin de la tournée, je vais chez Alain Macagno qui
s’entraînait avec l’OM. M. Zatelli me propose de m’entraîner. J’ai intégré l’équipe sous une fausse licence et même fait un grand match contre Stockholm. »
« Daniel Leclercq, Une histoire de Druide »
Entretien avec Thierry Morneau. 256 pages retraçant le parcours de Daniel Leclercq : de l’enfance à Trith jusqu’à son rôle de directeur sportif à
Douai, en passant par VA, Marseille, Lens... » 14,90 €. Ed. des Lumières de Lille.
Un immense remerciement à Doriane Michalak pour les photos ci-dessous.